Bénin : RSF dénonce la détention d’un journaliste depuis juillet

L’organisation de défense de la liberté de la presse réclame la libération immédiate d’Ali Moumouni, journaliste du média d’investigation Olofofo, ainsi que celle de Hugues Comlan Sossoukpè, fondateur du média, arrêté le même mois en Côte d’Ivoire avant d’être extradé à Cotonou.

Reporters sans Frontières (RSF) a dénoncé ce lundi la détention jugée «arbitraire» d’Ali Moumouni, journaliste du média d’investigation Olofofo, emprisonné depuis le mois de juillet au Bénin. L’organisation de défense de la liberté de la presse réclame sa libération immédiate ainsi que celle de Hugues Comlan Sossoukpè, fondateur du média, arrêté le même mois en Côte d’Ivoire avant d’être extradé à Cotonou.

Le 10 juillet 2025, Hugues Comlan Sossoukpè, directeur de publication d’Olofofo et critique connu du pouvoir béninois, a été interpellé à Abidjan, où il participait à un salon sur l’innovation numérique. Il a ensuite été extradé au Bénin et placé en détention à la prison civile de Ouidah. Six jours plus tard, Ali Moumouni était à son tour arrêté à Cotonou «sans mandat ni motif officiel», selon RSF. «Ils sont venus le chercher alors qu’il suivait une formation. Nous avons mis plusieurs jours à retrouver sa trace», a témoigné un membre de sa famille auprès de l’AFP.

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Poursuites judiciaires et isolement en détention

Incarcéré depuis le 21 juillet sur décision de la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), le journaliste est poursuivi pour incitation à la violence, harcèlement électronique et apologie du terrorisme. RSF déplore des conditions de détention particulièrement dures : «aucune visite familiale n’a été autorisée depuis son arrestation», a affirmé un proche. L’organisation estime que cette affaire est directement liée à la collaboration de Moumouni avec Olofofo, un média critique du gouvernement, interdit de diffusion depuis mars 2025.

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Pour Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF, cette affaire illustre «une instrumentalisation politique de la justice». «Une simple collaboration journalistique ne saurait justifier une telle détention», a-t-il déclaré, appelant à la libération immédiate des deux journalistes.

Les autorités justifient leur position

Le gouvernement ivoirien, mis en cause pour l’extradition de M. Sossoukpè malgré son statut de réfugié politique au Togo, affirme avoir agi dans le cadre de la coopération judiciaire avec Cotonou. De son côté, le porte-parole du gouvernement béninois, Wilfried Léandre Houngbedji, a rappelé en juillet que la liberté d’expression «implique aussi le devoir d’assumer et de prouver ses propos».

Lire :  Sénégal : la presse signale la fermeture de médias sous pression des autorités

Classé 92ᵉ sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse 2025 publié par RSF, le Bénin voit sa réputation ternie par ces arrestations. L’organisation internationale appelle les autorités béninoises à respecter leurs engagements en matière de liberté d’informer et à garantir un procès équitable aux journalistes détenus.

Notre Afrik avec AFP

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