L’élection de Sidi Ould Tah est aussi la marque de la vitalité de la diplomatie de son pays, la Mauritanie.
L’histoire retiendra ce jour où la Mauritanie, pays de carrefour entre Afrique noire et Maghreb, a hissé l’un de ses fils au sommet d’une des institutions les plus stratégiques du continent. À l’issue d’un processus électoral feutré mais disputé, Sidi Ould Tah a été élu président de la Banque africaine de développement. L’événement dépasse de loin le simple fait d’armes diplomatique. Il scelle une nouvelle séquence politique pour la BAD et, peut-être, pour l’Afrique elle-même.

Le scrutin s’est déroulé en plusieurs actes, chacun révélant les équilibres mouvants d’un continent en quête de leviers souverains. Le premier tour a permis de filtrer les intentions, dessinant un trio de tête où se côtoyaient ambition technocratique, ancrage régional et diplomatie de terrain. Sidi Ould Tah s’y est affirmé avec sérénité, porté par un socle solide de voix régionales. Au deuxième tour, il a su élargir ses appuis sans renier ses fondamentaux. Son message de stabilité, d’intégrité et de compétence a fait mouche dans une assemblée fatiguée des promesses sans lendemain.
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Mais qui est donc cet homme que la majorité des pays africains ont choisi pour incarner leur voix financière dans le tumulte du monde ? Formé entre l’Amérique et le monde arabe, à la croisée de l’économie et de la diplomatie, Sidi Ould Tah s’est forgé une réputation de bâtisseur patient. À la tête de la BADEA, il a réconcilié ambition et rigueur, proximité et vision stratégique. Ce sont ces qualités qu’il amène avec lui à la BAD, à un moment où l’institution doit se réinventer.
Car les défis sont immenses. L’Afrique attend de la Banque non seulement qu’elle mobilise des ressources, mais qu’elle les dirige avec intelligence, audace et équité. Il faudra concilier les exigences du climat, les urgences sociales, et les impératifs de souveraineté économique. Il faudra aussi apaiser les tensions internes, redonner confiance aux membres non régionaux sans perdre l’âme panafricaine de l’institution.
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Sidi Ould Tah hérite d’un outil puissant, mais scruté, contesté parfois, et face à un monde où les équilibres bougent vite. Sa mission est claire : être un trait d’union entre le continent et ses aspirations les plus profondes. Le désert, dit-on, forge les caractères. Le voici donc à la tête d’une traversée où, plus que le cap, c’est la manière de marcher ensemble qui fera la différence.
S.P.E







