Selon l’Observatoire de l’OMCT, les manifestations pacifiques de juin 2025 ont conduit à plus d’une centaine d’arrestations arbitraires, à 21 cas de torture et à un recours excessif à la force.
Lors de la session d’octobre 2025 de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), trois organisations togolaises de la société civile ont présenté un constat préoccupant sur la réduction progressive de l’espace civique dans le pays. Le Collectif des associations contre l’impunité au Togo (CACIT), l’Organisation togolaise des médias (OTM) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) décrivent une situation où les libertés publiques s’amenuisent : interruptions répétées d’Internet depuis juin 2025, dispersion de rassemblements, arrestations arbitraires et signalements de torture ou de détentions inhumaines.
Arrestations massives et violences dénoncées
Dans son rapport, l’Observatoire de l’OMCT revient en détail sur les mobilisations pacifiques organisées du 5 au 6 juin puis du 26 au 28 juin 2025. Selon l’organisation, ces journées ont entraîné plus d’une centaine d’arrestations arbitraires, 21 cas de torture et une utilisation excessive de la force par les autorités.

Ces manifestations s’inscrivent dans un climat politique tendu : les réformes constitutionnelles adoptées en 2024 sont perçues comme renforçant l’emprise du président, tandis que les frustrations sociales s’exacerbent. Une partie de la jeunesse exprime son désarroi face au manque d’opportunités, à la crise économique et au sentiment de fermeture démocratique.
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L’arrestation du rappeur Aamron comme élément déclencheur
L’interpellation du rappeur engagé Aamron, le 28 mai 2025, après ses critiques en ligne, a intensifié la mobilisation. Les ONG dénoncent également la restriction de l’accès à Internet et aux réseaux sociaux, notamment Facebook, Telegram et YouTube, durant et après les manifestations. Des organisations comme Front Line Defenders ou la Media Foundation for West Africa estiment que ces coupures ont eu pour effet de limiter la circulation de l’information et d’entraver la documentation des violations des droits humains.
Les recommandations des ONG pour restaurer les libertés fondamentales
Face à cette situation, les organisations présentes à la CADHP appellent les autorités togolaises à garantir un accès continu à Internet, à renforcer la protection des journalistes et défenseurs des droits humains, à réformer la législation sur les médias, à adopter d’ici 2026 une loi protégeant spécifiquement les défenseurs des droits et à réduire le recours à la détention préventive et à libérer les personnes détenues arbitrairement.
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Bien que les ONG saluent les premières initiatives de dialogue entre l’État et la société civile, elles avertissent que l’affaiblissement actuel des libertés essentielles pourrait éroder la confiance citoyenne, fragiliser les institutions démocratiques et accentuer les tensions sociales.







