Réunis à Cotonou lors du Sommet régional sur la transformation numérique, les ministres de 14 pays africains ont signé la Déclaration de Cotonou. Ce texte, adopté à cette occasion, vise à lever les obstacles qui freinent l’accès au numérique dans une région où une grande partie de la population est encore déconnectée.
À Cotonou, une quinzaine de pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre ont pris, mardi 18 novembre, l’engagement de réduire de moitié le prix de l’internet d’ici 2028. Cette promesse a été formulée lors du Sommet régional sur la transformation numérique, qui a rassemblé les ministres du Numérique du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Niger, de la Sierra Leone, de la Guinée, du Cap-Vert, du Congo, du Tchad, du Nigeria, du Liberia, du Togo et du Ghana. La Déclaration de Cotonou, adoptée à cette occasion, vise à lever les obstacles qui freinent l’accès au numérique dans une région où une grande partie de la population reste encore déconnectée.

Un cadre stratégique pour le numérique régional
Présentée par la ministre sierra-léonaise Salima Monorma Bah, la Déclaration de Cotonou définit les priorités pour la connectivité, les infrastructures numériques, l’identité numérique, l’intelligence artificielle et la création d’emplois. Les responsables présents ont salué ce texte comme un tournant vers la construction d’un marché numérique africain intégré. Pourtant, la réalité demeure contrastée : seuls 38 à 40 % des habitants de la sous-région utilisent Internet, alors que la couverture atteint 80 %. Le fossé est particulièrement prononcé entre pays, certains comme le Cap-Vert ou le Ghana affichant un usage de 60 à 75 %, tandis que le Niger ou le Tchad restent en dessous de 15 %.

L’accès au numérique reste un luxe pour beaucoup
«L’enjeu n’est plus seulement de couvrir, mais d’inclure», a insisté Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Le coût reste un obstacle majeur : le haut débit fixe absorbe en moyenne 21,5 % du revenu mensuel, soit plus de dix fois le seuil recommandé par l’ONU, et le mobile coûte 4,6 % du revenu. Dans certains pays, les prix deviennent exorbitants : 150 % du revenu mensuel au Liberia et près de 27 % en Centrafrique. Roger Félix Adom, ancien ministre ivoirien du Numérique, et Sangbu Kim, vice-président de la Banque mondiale, ont souligné que seule une baisse significative des tarifs permettra d’inclure davantage de citoyens dans l’économie numérique.
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Objectifs et mesures concrètes de la Déclaration de Cotonou
Pour réduire la fracture numérique, les États s’engagent à moderniser leurs réseaux, renforcer les dorsales nationales, harmoniser les tarifs d’itinérance et développer des points d’échange Internet régionaux afin de limiter la dépendance aux infrastructures étrangères. L’interconnexion transfrontalière et la création de centres de données régionaux, capables d’héberger 40 % des données gouvernementales critiques d’ici 2030, figurent également parmi les priorités.

Aurélie Adam Soulé Zoumarou, ministre béninoise du Numérique, a insisté sur la nécessité d’une coordination régionale et d’investissements conjoints pour garantir l’inclusion numérique. Par ailleurs, les ministres ont appelé à la mise en place d’un mécanisme régional de financement de la transformation numérique, combinant capitaux privés, fonds multilatéraux et investissements publics.
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De la parole à l’action
Malgré ces engagements, les experts rappellent que la Déclaration de Cotonou doit se traduire rapidement en actes. Moustapha Cissé, ancien directeur du centre africain de recherche en intelligence artificielle, a exhorté : «Il est temps que cette déclaration devienne la dernière de la sous-région : il faut passer à l’action.» L’ambition affichée est claire : faire du numérique un droit effectif et non un privilège réservé aux zones urbaines ou aux élites connectées.







