Lors d’une conférence de presse ce 28 octobre, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a reconnu que des « manifestations illégales » avaient eu lieu dans plusieurs villes du pays après la proclamation des résultats du scrutin du 12 octobre. Même s’il n’a pas précisé le nombre de victimes, il a évoqué des scènes de pillage et d’incendie à Douala, Garoua, Ngon et Dschang.
Le gouvernement camerounais a admis le mardi 28 octobre que les récentes manifestations liées à la réélection du président Paul Biya ont fait des victimes. Cette reconnaissance intervient alors que la communauté internationale, notamment l’Union européenne et l’Union africaine, condamne la répression jugée excessive ayant suivi le scrutin présidentiel.

Lors d’une conférence de presse, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a reconnu que des « manifestations illégales » avaient conduit à des « pertes en vies humaines » ainsi qu’à la destruction de biens publics et privés. Sans préciser le nombre de victimes, il a évoqué des scènes de pillages et d’incendies dans plusieurs villes du pays, notamment Douala, Garoua, Ngon et Dschang. Le ministre a par ailleurs accusé le principal opposant, Issa Tchiroma Bakary, d’« irresponsabilité » et annoncé qu’il devra « répondre devant la justice ».
Une situation tendue dans plusieurs villes
Au lendemain de l’annonce officielle de la réélection de Paul Biya avec 53,66 % des voix, un calme fragile régnait dans le pays. Les villes de Douala et Garoua, en particulier, ont été le théâtre de heurts violents. A Douala, la répression des rassemblements aurait fait plusieurs morts, selon des sources locales, tandis que 200 personnes ont été interpellées, d’après le gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua.

L’opposition conteste la victoire de Paul Biya
Âgé de 92 ans et au pouvoir depuis 43 ans, Paul Biya a été déclaré vainqueur pour un huitième mandat, un résultat vivement rejeté par Issa Tchiroma Bakary, qui parle d’une « mascarade électorale ». Selon Murithi Mutiga, directeur du programme Afrique à l’International Crisis Group, cette victoire risque d’affaiblir la légitimité du président sortant. « Une grande partie des Camerounais ne croit pas à sa victoire. Il doit rapidement engager un dialogue national pour éviter une aggravation de la crise » a-t-il déclaré.
📣 Ne manquez plus rien de l’actualité africaine en direct sur notre chaîne WHATSAPP
Réactions de la communauté internationale
L’Union européenne a exhorté les autorités camerounaises à identifier les responsables de la répression et à garantir la transparence des enquêtes.
L’Union africaine, par la voix de son président Mahamoud Ali Youssouf, s’est dite « préoccupée » par les violences et les arrestations de manifestants, tout en appelant au dialogue national. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a également demandé des enquêtes indépendantes, tandis que Human Rights Watch a dénoncé « l’usage disproportionné de la force » par les forces de sécurité.
Un climat de peur persistant
Sur le terrain, les habitants de Garoua et Douala tentent de reprendre leurs activités, mais la peur reste palpable. Les écoles demeurent fermées et de nombreux habitants préfèrent rester chez eux. « Si la violence reprend, on ne pourra pas fuir à temps », confie un enseignant de Garoua. Un jeune habitant, Boubakary, 26 ans, résume l’état d’esprit général : « la tension peut exploser à tout moment. On espère juste que ça va se calmer ».
Lire : Cameroun : tensions dans plusieurs villes après l’annonce de la victoire de Paul Biya
Ces nouvelles violences traduisent la fragilité politique du Cameroun et soulignent le fossé croissant entre le pouvoir central et une partie de la population, en particulier la jeunesse, avide de changement. Alors que les appels au calme se multiplient, l’enjeu pour le régime de Paul Biya sera de rétablir la confiance sans recourir à la force, une équation difficile après plus de quatre décennies de pouvoir.
Notre Afrik avec AFP







