Bangui : trois jours de deuil national suite au naufrage qui a fait plus de 60 morts

Le président centrafricain, Faustin Archange Touadéra, a pris cette décision alors que les recherches se poursuivent tant bien que mal.

Assise sous une véranda entourée de sa famille, Brigitte Imilymako peine à articuler ses mots. C’est la troisième épouse du chef de village, dont les funérailles étaient organisées vendredi 19 avril 2024. C’est à ce deuil que se rendaient les 300 personnes à bord d’une péniche qui a chaviré dans la rivière de Mpoko à Bangui, faisant provisoirement 62 morts. Parmi les victimes, on retrouve des femmes, des enfants, des personnes âgées et vulnérables. Brigitte Imilymako, en plus du décès de son mari, perd également sa fille et ses proches dans ce drame. “Je suis sous le choc. Perdre mon mari, ma fille et des proches en si peu de temps est insupportable“, fait-elle savoir, éplorée. Suite à cette tragédie, le président de la RCA, Faustin Archange Touadéra, a décrété trois jours de deuil national lundi 22 avril 2024.

Selon des sources, la barque a été louée pour la circonstance par le frère du défunt, le nommé Guy Malizekama. Il indique qu’il a commandé cette baleinière afin de permettre aux nombreuses connaissances d’assister la famille éprouvée. “Le locataire nous avait dit que c’était en bon état“, confie-t-il à l’AFP. Les causes réelles du naufrage jusqu’ici n’ont pas été élucidées. Le gouvernement centrafricain a annoncé samedi l’ouverture d’une enquête pour déterminer l’origine du drame et établir les responsabilités. En attendant les résultats, plusieurs personnes accusent la surcharge et la vétusté de l’appareil. Le directeur général de la protection civile, Thomas Djimasse, ajoute à cela la puissance du courant d’eau amplifiée par une pluie la veille. “Une centaine de personnes ont été sauvées sur les 300 présentes dans la baleinière“, a informé le Directeur de protection civile.

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Sauvetage

Au bord de la rive de Mpoko à Bangui, les recherches se poursuivent. Une cinquantaine de familles sont toujours sans nouvelles de leurs proches. Les rescapés se trouvant ce jour fatidique sur le toit de la baleinière expliquent que le drame s’est produit peu de temps après le départ de l’embarcadère. La structure en bois du bateau à un étage surchargée aurait cédé au deuxième craquement. “J’ai entendu le premier craquement. C’est au deuxième craquement que le bateau s’est désintégré et j’ai vu ma femme en train de sombrer sous l’eau“, a confié un survivant à l’AFP. Un autre rescapé qui a participé aux opérations de sauvetage fait savoir que la baleinière s’est divisée en deux au deuxième craquement. “J’ai vu ma femme disparaître sous l’eau et je l’ai fait sortir en premier. Je suis revenu chercher ma sœur et mon père, mais ma nièce est morte à l’hôpital“, explique-il, toujours sous le choc.

Pour les survivants, l’opération de sauvetage aurait été plus simple si le bateau avait eu moins de passagers. Selon ces derniers, plusieurs occupants de la barque, dont ceux qui savaient nager, ont péri sous le poids des autres. “Je sais nager, mais j’ai avalé de l’eau car c’était difficile de repousser les gens sur moi et autour de moi”, relate Bonaventure Zekemaya, 52 ans. Il s’en est sorti en prenant avec lui une femme pour rejoindre la rive à la nage. Plusieurs autres personnes ont été secourues par des pirogues de pêcheurs et d’extracteurs de sable se trouvant à proximité du bateau.

Notre Afrik avec l’AFP