Sécurité : Médecins sans frontières interrompt ses activités à Nampala au Mali

Cette décision intervient après de récentes attaques visant son équipe et les travailleurs de la santé dans une zone touchée par des violences récurrentes au Sahel.

Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé, mercredi 30 octobre 2024, l’arrêt de ses activités à Nampala, dans le centre du Mali. Cette décision fait suite à de récentes agressions ciblant son personnel et les agents de santé dans une région marquée par des violences persistantes au Sahel. Dans un communiqué, MSF attribue ces actes violents à « des hommes armés menant des opérations militaires dans la zone », sans donner plus de précisions. Depuis plusieurs mois, l’armée régulière et ses alliés du groupe paramilitaire Wagner intensifient leurs opérations contre les groupes armés jihadistes, dont la Katiba Macina, affiliée à Al-Qaïda.

Prise en charge des enfants

MSF se présente comme la seule ONG internationale opérant dans cette région, où elle fournit des « soins médicaux gratuits et vitaux » aux habitants ainsi qu’aux personnes déplacées par le conflit. Les civils au centre du Mali subissent des exactions de la part de divers groupes armés, incluant principalement les jihadistes, mais aussi l’armée et Wagner. Les autorités maliennes ont nié toute accusation d’abus de la part des forces armées.

Une agression inacceptable

Le 14 octobre, une équipe de MSF et des agents de santé locaux ont été agressés en périphérie de Nampala. MSF a qualifié ces actes d’« inacceptables ». Selon Aissami Abdou, coordinateur des opérations de MSF en Afrique de l’Ouest, « deux de nos collaborateurs ont été molestés et leur matériel a été vandalisé », explique-t-il.

📣 Ne manquez plus rien de l’actualité africaine en direct sur notre chaîne WHATSAPP

Il s’agit de la première agression envers une équipe de MSF depuis son arrivée dans la région en 2022. « Nous avons été contraints de prendre la difficile décision de suspendre temporairement nos services médicaux, privant ainsi la population de soins essentiels », a-t-il ajouté.

Besoins médicaux croissants

Avec une équipe de 18 personnes (médecins, infirmiers, sages-femmes et personnel de soutien) réparties sur deux sites à Nampala, MSF assure des soins à une population vulnérable qui, sans son intervention, n’aurait pas accès aux services de santé. Aissami Abdou souligne que certains patients n’avaient pas vu de médecin depuis sept ans avant l’arrivée de MSF. La crise sécuritaire entraîne des besoins sanitaires croissants, exacerbés par le départ d’autres ONG internationales en raison de la dégradation de la situation sécuritaire et de l’intensification des opérations militaires. « Nous avons une importante population de déplacés qui arrive à Nampala ces dernières semaines », précise-t-il.

Lire : Mali : la junte menace de s’en prendre à une compagnie aurifère canadienne

Il y a une dizaine de jours, MSF avait déjà suspendu ses activités à Djibo, dans le nord du Burkina Faso, également touché par la violence jihadiste, après des incidents affectant ses centres de santé. Au Mali, MSF indique être en discussion avec les autorités et les parties au conflit « pour éviter de telles violences à l’avenir » et pour permettre la reprise, dès que possible, de ses services essentiels en toute sécurité.

Notre Afrik avec AFP