Eugène Rwamucyo

Génocide rwandais : douloureux retour sur les faits à l’occasion du procès d’Eugène Rwamucyo

SOCIETE
Publié le 24 octobre 2024
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Le jugement de cet ancien médecin pour son rôle présumé dans ces massacres ayant fait plus de 800 000 morts en 1994 est l’occasion pour certaines survivants de témoigner devant un tribunal à Paris.

Agée de 13 ans lors du génocide rwandais en 1994, Angélique Uwamahoro se remémore avoir dû marcher sur des corps pour survivre. Trente ans plus tard, elle a témoigné mardi devant un tribunal à Paris, où un ancien médecin est jugé pour son rôle présumé dans les meurtres de plus de 800 000 membres de la minorité tutsie et de Hutus modérés ayant tenté de les protéger. Les coups de feu retentissent. Des individus armés de machettes et de gourdins envahissent un couvent où des réfugiés se sont rassemblés, massacrant presque tous les garçons et les hommes présents. Parmi les victimes, plusieurs étaient des membres de la famille d’Uwamahoro. Elle a expliqué être venue devant le tribunal pour « demander justice pour mon peuple, qui a été massacré en raison de son identité ».

Des familles des victimes

L’accusé, Eugène Rwamucyo, un médecin de 65 ans, est confronté à des accusations de génocide, de complicité, de crimes contre l’humanité et de conspiration. Il clame son innocence. Si le verdict le déclare coupable à l’issue du procès, qui a commencé ce mois-ci et doit s’achever la semaine prochaine, il risque la réclusion à perpétuité.

Témoignages émouvants

De nombreux témoins se sont rendus à Paris pour partager des témoignages poignants concernant les massacres ayant eu lieu dans la région de Butare, où Eugène Rwamucyo se trouvait à l’époque. Lundi, une autre survivante, Immaculée Mukampunga, a décrit les attaques menées contre des civils tutsis rassemblés lors d’un séminaire. «Ils nous attaquaient en suivant la même méthode ; d’abord la machette sur le crâne, puis à la gorge, puis aux chevilles », a-t-elle relaté.

Elle a également révélé avoir caché ses enfants, âgés de 5 et 6 ans, sous des cadavres. « Je me suis couverte de sang, tout comme les enfants, pour qu’ils croient que nous étions morts ». Antoine Ndorimana, qui avait 9 ans au début du génocide, a raconté à la Cour qu’il s’était abrité avec sa famille dans une église, mais qu’ils avaient été découverts. «Ceux qui portaient des machettes et des gourdins ont commencé à frapper les gens ; certains leur ont tranché les chevilles, d’autres la gorge… Puis ils sont restés pour vérifier si quelqu’un était encore vivant», a-t-il déclaré.

Lire : Génocide au Rwanda : Venant Rutunga condamné à vingt ans de prison

Ce procès est le septième lié au génocide, impliquant huit citoyens rwandais, à être jugé à Paris au cours des dix dernières années. En décembre, un autre médecin, Sosthene Munyemana, a été reconnu coupable de génocide, de crimes contre l’humanité et d’assistance à la préparation d’un génocide, et a été condamné à 24 ans de prison. Il a interjeté appel.

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