Ce diagnostic a été posé par plusieurs spécialistes du secteur financier à l’occasion des assemblées annuelles de la BAD.
Plus de 165 milliards de dollars de capitaux nationaux africains restent aujourd’hui sous-utilisés, alors qu’ils pourraient dynamiser le développement économique du continent et réduire sa vulnérabilité face aux financements extérieurs instables. C’est le constat dressé par plusieurs experts financiers à l’occasion des assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD).
Lors d’une table ronde intitulée « Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique », Abena Amoah, directrice générale de la Bourse du Ghana, a mis en lumière le potentiel largement inexploité des fonds de pension. Elle a révélé qu’en Afrique de l’Ouest, notamment au Ghana et au Nigéria, ces fonds atteignent près de 40 milliards de dollars, mais que plus de 90 % de ces ressources sont investies dans des obligations d’État, faute d’opportunités d’investissement mieux structurées.
les participants à la table ronde
Une ruée vers les cryptomonnaies
La dirigeante a également souligné un paradoxe préoccupant. Elle révèle qu’en 2024, les Africains ont investi 125 milliards de dollars dans les cryptomonnaies, avec le Nigéria à lui seul représentant 65 milliards, faisant du pays la deuxième base d’utilisateurs de cryptoactifs dans le monde après l’Inde. Ce chiffre met en évidence une préférence pour des instruments spéculatifs au détriment de l’économie réelle locale. Denys Denya, vice-président exécutif d’Afreximbank, a présenté les avancées du programme de dépôt des banques centrales, qui a permis d’augmenter les dépôts institutionnels africains de 14 millions de dollars en 2014 à plus de 34 milliards aujourd’hui. Par ailleurs, la banque a diversifié ses sources de financement vers les marchés asiatiques, notamment le Japon et la Chine, dans un effort pour réduire sa dépendance aux capitaux occidentaux.
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Obstacles structurels persistants
Malgré ces initiatives, les intervenants ont pointé une instabilité macroéconomique persistante, des taux d’intérêt supérieurs à 20 % dans certaines économies, ainsi que des contraintes réglementaires pesant fortement sur les femmes et les jeunes entrepreneurs, comme des freins structurels majeurs. Solomon Quaynor, vice-président de la BAD, a quant à lui parlé des fonds de pension, des compagnies d’assurance et des fonds souverains africains qui gèrent collectivement 2 100 milliards de dollars comme d’une problématique essentielle. Cependant, il indique que plus de 80 % de ces actifs sont immobilisés dans des placements publics à faible rendement, au lieu d’être dirigés vers des secteurs porteurs comme l’agriculture, l’industrie ou l’innovation technologique.
Lire : Fuite de capitaux : l’Afrique perd 587 milliards de dollars par an
Un potentiel de croissance sous-exploité
Selon les dernières prévisions de S&P Global, l’Afrique pourrait enregistrer une croissance de 4,8 % en 2025, bien au-dessus de la moyenne mondiale estimée à 3 %. L’agence de notation a déjà procédé à 11 relèvements des notes souveraines africaines au cours de l’année passée, témoignant d’une amélioration de la stabilité macroéconomique sur le continent. Les participants à la table ronde ont unanimement appelé à un changement de paradigme : il s’agit désormais de rompre avec une dépendance excessive à l’aide extérieure pour promouvoir des stratégies d’investissement ambitieuses, menées par les États africains eux-mêmes. Le développement rapide de marchés de capitaux plus sophistiqués est perçu comme un levier indispensable pour canaliser ces ressources inexploitées vers des projets productifs et durables.
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