Au terme d’une nuit parlementaire intense, l’Assemblée nationale du Bénin a adopté au petit matin du samedi 15 novembre 2025 une importante révision constitutionnelle. Cette réforme, la deuxième d’ampleur depuis 2019, introduit la création d’un Sénat et prolonge de cinq à sept ans la durée des mandats électifs, notamment ceux du président de la République, des députés et des maires.
Déposé par deux élus de la majorité parlementaire, le projet a été examiné et voté dans des conditions particulières. La séance, d’abord ouverte dans la soirée du vendredi 14 novembre, s’est poursuivie sans interruption jusqu’à l’aube. À l’issue d’un premier vote à bulletin secret, 87 députés se prononcent pour la recevabilité du texte contre 22. Malgré une proposition de suspension des débats, plusieurs élus rejettent l’idée d’un report et imposent un examen immédiat du fond. Quelques heures plus tard, la révision est finalement adoptée par 90 voix contre 19, dépassant largement la majorité des quatre cinquièmes requise. Au total, 15 articles nouveaux ont été créés et 18 autres amendés, redessinant profondément l’architecture institutionnelle du pays.

Un Sénat pour « réguler la vie politique » et des mandats portés à sept ans
La principale innovation est la création d’une deuxième chambre parlementaire. Le Bénin, jusque-là doté d’un système monocaméral, se dote désormais d’un Sénat. Selon les nouvelles dispositions, cette institution aura pour mission de «réguler la vie politique» et de veiller à la consolidation de l’unité nationale, de la démocratie et de la paix. Conçu comme un «conseil de sages», le Sénat devrait compter entre 25 et 30 membres, mêlant personnalités désignées et membres de droit. La limite d’âge pour y siéger est fixée à 85 ans.
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Autre réforme majeure, c’est l’allongement de la durée des mandats. Le président de la République passera désormais d’un quinquennat à un septennat, renouvelable une seule fois, sans modification de la règle limitant à deux mandats dans une vie. Les députés voient également leur mandat allongé à sept ans, avec une précision notable, un élu démissionnant de son parti perd automatiquement son siège. Les maires et conseillers communaux sont eux aussi concernés par ce passage à sept ans.
Ces nouvelles dispositions devraient entrer en vigueur dès les élections générales de 2026, sous réserve du contrôle de conformité par la Cour constitutionnelle et de la promulgation par le président Patrice Talon.
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Cette révision intervient alors que le pays se prépare à une présidentielle déjà marquée par une sélection restreinte de candidatures : Romuald Wadagni, dauphin désigné de Patrice Talon, affrontera Paul Hounkpé, candidat des Forces cauris pour un Bénin émergent. La candidature du principal parti d’opposition, Les Démocrates, a été invalidée faute de parrainages suffisants.
Avec ce passage au septennat et la création d’un Sénat, le Bénin engage une profonde reconfiguration de son paysage institutionnel, à six mois d’une élection présidentielle aux enjeux multiples.







