Ce constat est fait par Mohamed Lamine Conté, premier vice-gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée.
En Guinée, une large majorité des billets de banque en circulation ne réintègrent pas le réseau bancaire formel. C’est le constat dressé par Mohamed Lamine Conté, premier vice-gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG), lors d’une rencontre avec l’Association professionnelle des banques (APB). Selon lui, près de 94 % de la monnaie fiduciaire circulent hors du système financier, aggravant ainsi la pénurie de liquidités dans le pays.
Le président de l’APB, Sidy Mohamed Chérif, reconnaît que le franc guinéen circule activement dans l’économie. Toutefois, il déplore que de nombreux citoyens préfèrent conserver leur argent chez eux plutôt que de le déposer en banque. Cette pratique, connue sous le nom de ‘’thésaurisation’’, réduit les dépôts disponibles pour les établissements financiers et limite leur capacité à financer l’économie, notamment en matière de crédits aux entreprises et aux particuliers.

Restaurer la confiance dans le système bancaire
Pour l’APB, le cœur du problème réside dans une perte de confiance entre les usagers et les institutions bancaires. Sidy Mohamed Chérif plaide pour la création d’un climat plus favorable à la bancarisation, en rapprochant les banques des citoyens et des entreprises. Selon lui, seule une relation de confiance durable peut permettre de réintégrer les liquidités dans le circuit formel.
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Face à cette crise, la BCRG a mis en place plusieurs initiatives, dont le remplacement progressif des billets endommagés, la promotion des paiements non monétaires comme les virements et les chèques, des négociations avec des imprimeries pour accélérer la fabrication de billets et le renforcement de la sécurité liée au transport et à la distribution du cash.
Un impact direct sur l’économie
Le fait que 94 % de l’argent liquide échappe au contrôle bancaire a de lourdes conséquences selon les autorités. Les banques disposent de moins de fonds à prêter, ce qui ralentit les investissements et freine la croissance économique. Ce phénomène renforce également l’économie informelle, où les transactions échappent à la fiscalité et à la régulation monétaire.
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Pour les mois à venir, la Banque centrale prévoit de suivre de près l’évolution de la masse monétaire afin de mesurer l’ampleur de la crise et de mettre en œuvre des mesures correctives pour renforcer la stabilité financière du pays. La gestion efficace de la liquidité apparaît aujourd’hui comme un enjeu stratégique pour la santé de l’économie guinéenne.