Face à la presse ce 19 août, l’ancien candidat à la présidentielle a mis en doute la promesse gouvernementale d’atteindre 10 % de croissance économique, un objectif qu’il considère comme irréalisable.
Lors d’une déclaration à la presse, l’ancien candidat à l’élection présidentielle, Bilie By Nze, a critiqué les choix politiques de l’actuel pouvoir en place. Il accuse les autorités de détourner l’attention de la population en entretenant un « rideau de fumée », destiné selon lui à occulter les multiples crises sociales, économiques et institutionnelles qui secouent le pays depuis l’élection d’avril 2025.
Bilie By Nze s’est notamment insurgé contre la déclaration officielle annonçant la fin de la « géopolitique » dans les nominations publiques. Pour lui, cette orientation est une négation de l’héritage laissé par Léon Mba, premier président du Gabon, qu’il qualifie de « condamnation posthume ». Il souligne une contradiction flagrante dans cette décision, pointant du doigt le fait que plusieurs délégués spéciaux récemment nommés à la tête de grandes communes comme Libreville, Port-Gentil ou Oyem, partagent tous une même origine régionale. « Où est la cohérence dans cette réforme, quand on constate que ces responsables viennent tous des localités qu’ils dirigent ? », a-t-il questionné.

Des doutes sur les chiffres de croissance et la gestion budgétaire
Sur le plan économique, l’opposant exprime des réserves quant à la promesse du gouvernement d’atteindre une croissance de 10 %, chiffre qu’il juge irréaliste. Il estime que cette ambition est en décalage avec les analyses des institutions financières internationales, qui projettent des taux bien plus modestes.
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Par ailleurs, il s’est insurgé contre la généralisation des marchés publics attribués de gré à gré, affirmant que plus de 95 % des contrats ne respecteraient pas les procédures légales. Il dénonce également la réduction drastique des bourses d’études à l’étranger et l’absence de transparence sur les fonds de 7 milliards FCFA supposément distribués à chaque province.
Quatre mesures proposées pour sortir de la crise
Face à ce qu’il considère comme une dérive gouvernementale, l’homme politique a présenté un plan de sortie de crise articulé autour de quatre axes. Il propose de créer un groupe de réflexion chargé de définir un statut spécifique pour Libreville et les autres villes à forte diversité avant toute réforme liée à l’autochtonie. Mettre en place un filet social, avec des aides minimales destinées à protéger le pouvoir d’achat des ménages face à une inflation estimée entre 30 et 50 %. Élargir l’université Omar Bongo, afin de pallier la baisse des bourses à l’étranger et de renforcer l’offre d’enseignement supérieur sur le territoire national. Et enfin garantir un financement équitable de la vie politique, en assurant aux partis et candidats des ressources équilibrées, condition indispensable à un processus démocratique crédible.
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L’opposant a également mis en garde contre ce qu’il perçoit comme une utilisation politique de l’appareil judiciaire. Il a évoqué les poursuites en cours contre des membres de la famille Bongo et critiqué l’ordonnance d’amnistie récemment adoptée, qu’il juge partiale. Il a par ailleurs exprimé son inquiétude quant aux menaces croissantes visant les journalistes et militants critiques du régime.
Une participation électorale mesurée
Sur le plan électoral, Bilie By Nze a confirmé la participation de son parti aux prochaines législatives et locales, avec une vingtaine de candidats investis pour les législatives et une quinzaine de listes locales. Il a cependant précisé qu’il ne se présentera pas lui-même.
Il a également déploré l’absence de réponse de la Cour constitutionnelle à son recours portant sur le calendrier électoral, comparant cette institution à un « sarcophage », en opposition à l’ancienne image de la « tour de Pise » qui, selon lui, ne penchait que d’un seul côté.