Sénégal : Ousmane Sonko mise sur les ressources locales pour relancer l’économie

Sénégal : Ousmane Sonko mise sur les ressources locales pour relancer l’économie

Cette ambition, présentée par le Premier ministre au Grand Théâtre national de Dakar, s’inscrit dans le Plan de redressement économique et social du pays.

Le vendredi 1ᵉʳ août 2025, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a présenté au Grand Théâtre national de Dakar les grandes orientations du Plan de redressement économique et social du pays. La cérémonie s’est déroulée en présence du président Bassirou Diomaye Faye et de plusieurs membres du gouvernement. Ce programme marque le début de la mise en œuvre de la Vision 2050 du Sénégal et s’appuie sur une stratégie qui vise à renforcer la souveraineté nationale à travers une mobilisation accrue des ressources locales.

Le plan s’inscrit dans une trajectoire en trois étapes complémentaires qui englobe le redressement (2024-2029), l’impulsion (2026-2034) et l’accélération (jusqu’en 2050). Chacune de ces séquences se chevauchera avec la précédente pour assurer une transition cohérente et continue. En effet, la phase de redressement actuelle repose sur trois axes majeurs : réforme des institutions et des pratiques administratives, promotion de la transparence, et exigence de redevabilité.

Un diagnostic économique alarmant

Ousmane Sonko a souligné la gravité de l’héritage économique laissé par les précédents gouvernements. Selon les audits menés par l’Inspection générale des finances, la Cour des comptes et le cabinet indépendant Forvis-Mazars, le déficit réel atteindrait 14 % du PIB, tandis que l’endettement public frôlerait les 119 %, bien au-dessus des chiffres auparavant annoncés (4,3 % et 74 % respectivement).

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Le Premier ministre a salué le choix de la transparence opéré par le président Faye : « Commencer un mandat sur la base d’un mensonge aurait été inacceptable ». Il a cependant reconnu que cette démarche avait conduit à un abaissement de la note souveraine du pays et à un durcissement de l’accès aux financements extérieurs.

Financement interne au cœur de la stratégie

Contrairement aux anciens programmes largement financés par des bailleurs étrangers, ce plan s’appuie à 90 % sur des ressources nationales. Sur les 5 667 milliards de FCFA nécessaires entre 2025 et 2028, l’État compte mobiliser 2 111 milliards via une augmentation des recettes fiscales, 1 091 milliards par la réaffectation d’actifs existants et 1 352 milliards à travers des financements non adossés à la dette. Les pistes identifiées incluent la taxation de l’économie numérique (mobile money, jeux en ligne, e-commerce), la révision de certains contrats stratégiques, la réduction du train de vie de l’État, l’épargne nationale, la fiscalité foncière, ainsi qu’une fiscalité écologique (verte et bleue).

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Plusieurs mesures législatives sont en cours ou déjà adoptées, parmi lesquelles la réforme de l’OFNAC (Office national de lutte contre la fraude), la loi sur l’accès à l’information et l’obligation de déclaration de patrimoine pour les responsables publics. D’autres réformes visent la restructuration des agences de l’État, la centralisation des achats publics, la régulation du secteur bancaire, ou encore l’introduction de mécanismes de financement islamiques tels que le Sukuk et le Waqf.

Cibler les dépenses et renforcer la transparence

Le gouvernement entend également s’attaquer aux dépenses inefficaces. Ousmane Sonko a pointé du doigt une surfacturation moyenne de 18 % dans les marchés publics, notamment dans les BTP et l’énergie, bien au-delà des standards des pays de l’OCDE. Les subventions non ciblées seront réduites, les revenus fonciers de l’État mieux exploités, et les règles de passation des marchés rendues plus transparentes.

Le plan met un accent particulier sur la protection sociale, avec des mesures en faveur de l’éducation, de la santé, des bourses familiales, du logement social et de la gratuité partielle de certains services essentiels. Il prévoit également de dynamiser l’emploi, en particulier chez les jeunes et les femmes, et de soutenir les entreprises locales en améliorant leur accès au foncier, à l’énergie, et aux financements. Une restructuration de la dette intérieure envers le secteur privé est également annoncée, ainsi que la mise en place de contrats triennaux pour garantir une visibilité à long terme aux opérateurs économiques.

Le développement sectoriel ciblé

Le gouvernement a identifié plusieurs secteurs prioritaires à fort potentiel de croissance, parmi lesquels l’agriculture, l’élevage, la pêche, les énergies renouvelables, les industries légères, le BTP, le textile, le tourisme, l’agroalimentaire, le numérique et la pharmacie.

Lire :  Sénégal : Ousmane Sonko déterminé à poursuivre son affaire contre l’ex-ministre du Tourisme

Ces domaines seront progressivement renforcés pour permettre au pays de bâtir un socle économique indépendant et compétitif. « Ce que nous vous présentons aujourd’hui n’attend rien, quasiment de personne, sinon du peuple sénégalais lui-même », a déclaré Ousmane Sonko en conclusion. Il a insisté sur une souveraineté ouverte, qui n’exclut pas les partenariats, mais privilégie le libre choix des priorités, des partenaires et des outils de financement.

L’objectif affiché est de ramener le déficit budgétaire à 3 % d’ici 2027, tout en respectant les engagements internationaux du Sénégal. Ainsi, une loi de programmation budgétaire viendra encadrer la mise en œuvre de ce plan, qui sera soumis au Parlement dans les semaines à venir.

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