Selon eux, une adoption précipitée de cette innovation pourrait fragiliser des marchés déjà vulnérables, malgré ses promesses.
Réunis à Dakar ce mercredi 21 mai dans le cadre d’un panel à la Conférence internationale sur l’intelligence artificielle (IA), de hauts responsables d’institutions financières africaines ont plaidé pour une intégration prudente, concertée et structurée de l’IA au sein des systèmes bancaires et financiers du continent. Une adoption précipitée, selon eux, pourrait compromettre l’équilibre déjà fragile de certains marchés. Car, bien qu’elle ouvre des perspectives inédites en matière de gestion des risques, de surveillance des marchés ou encore de pilotage macroéconomique, elle soulève également de sérieux défis.
Yvon Sana Bangui, gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique centrale (BEAC), a présenté l’IA comme « un outil au service de la stabilité financière », insistant sur la nécessité de veiller à ce que son déploiement ne nuise pas à la solidité des écosystèmes bancaires. Paul Koffi Koffi, président de l’Autorité des marchés financiers de l’Union monétaire ouest-africaine (AMF-UMOA), a de son côté reconnu que l’IA va transformer en profondeur les marchés. Il a toutefois mis en garde contre les effets perturbateurs d’une introduction non maîtrisée de ces technologies. « Il faut éviter une intégration brutale qui pourrait déstabiliser nos marchés », affirme-t-il, soulignant que cette transition doit s’accompagner d’un dialogue étroit entre les régulateurs, les acteurs du marché et les experts techniques pour définir ensemble les modalités de mise en œuvre.
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Encadrer l’innovation
Selon les intervenants, la formation des ressources humaines, l’adoption de cadres réglementaires adaptés, et une coopération renforcée entre institutions sont les trois piliers essentiels à cette démarche. Pour Paul Koffi Koffi, il est crucial de former aussi bien les superviseurs que les acteurs du marché aux outils et méthodes liés à l’intelligence artificielle. Une telle montée en compétences permettra une appropriation cohérente et durable de l’IA dans le secteur.
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La gestion des données est un autre enjeu capital. Le gouverneur de la Beac a rappelé que la qualité, la centralisation, la transparence et la sécurité des données sont essentielles pour alimenter des algorithmes performants et éviter les biais. Il a également souligné les difficultés spécifiques de l’Afrique centrale, où l’harmonisation des données entre six pays membres de la Beac reste un défi, notamment à cause d’infrastructures inadaptées et de cadres réglementaires disparates.
Un appel à l’action collective
Pour surmonter ces obstacles, Yvon Sana Bangui propose la création d’un livre blanc sur l’usage de l’IA dans les banques centrales africaines. Ce document va recenser les outils existants, les expérimentations en cours et va servir de base à une coopération technique et scientifique avec des centres de recherche internationaux. « Il est temps que nos institutions mutualisent leurs efforts et tirent ensemble parti de cette révolution technologique », déclare-t-il, soulignant le rôle central des banques centrales dans cette dynamique.
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Paul Koffi Koffi a quant à lui détaillé les applications concrètes de l’IA dans le champ de la régulation. Il évoque notamment la capacité de surveillance en temps réel des marchés, la détection automatisée des comportements suspects, ou encore l’évaluation dynamique des risques. Pour lui, ces innovations pourraient améliorer considérablement l’efficacité des mécanismes de supervision, réduire les délais dans les procédures administratives et renforcer la lutte contre le blanchiment de capitaux.
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