Tchad : l’élevage pour stimuler les échanges commerciaux en Afrique

Le gouvernement, en partenariat avec ARISE IIP, un développeur industriel panafricain, a créé le complexe industriel des abattoirs du Logone, doté d’une chaîne de froid et respectant des normes sanitaires strictes.

Le Tchad, premier exportateur de bétail en Afrique centrale, souhaite se positionner comme un acteur clé du commerce de viande transformée sur le continent. Traditionnellement, le pays approvisionne des marchés comme le Nigéria, le Cameroun et le Congo en bétail vivant. Cependant, alors que la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) importe chaque année pour 350 millions de dollars de viande transformée, les exportations tchadiennes de bétail vivant ne génèrent que 50 millions de dollars. Selon un responsable du ministère de l’Élevage, cité dans la note publiée ce lundi 24 mars, cette situation entraîne une perte importante d’opportunités économiques. Il souligne que l’exportation de produits finis serait bien plus lucrative que l’envoi d’animaux vivants.

Pour inverser cette tendance, le Tchad a formé un partenariat avec ARISE IIP, un développeur industriel panafricain, pour créer Laham Tchad, une joint-venture dédiée à la transformation de la viande. Le complexe industriel des abattoirs du Logone, situé à Moundou, est équipé d’une chaîne du froid et respecte des normes sanitaires strictes. Il a la capacité de traiter 200 bovins et 400 petits ruminants par jour et emploie déjà 280 personnes. En outre, six autres zones économiques spéciales (ZES) sont en développement dans le pays, visant à générer 2 milliards de dollars de revenus et à créer 35 000 emplois d’ici 2035. « L’élevage n’est plus une activité traditionnelle, mais un levier de développement industriel », déclare un expert d’ARISE IIP.

Téléchargez l’application pour ne rien rater de l’actualité

📣 Ne manquez plus rien de l’actualité africaine en direct sur notre chaîne WHATSAPP

Des produits de qualité pour des marchés diversifiés

L’objectif est de concurrencer les importations de viande en provenance du Brésil et de l’Inde. Les perspectives de marché sont prometteuses, notamment avec le Nigéria, principal acheteur de bétail tchadien, qui pourrait devenir un acteur clé dans le commerce de viande transformée. L’Égypte, qui fait face à des pénuries en raison de la guerre au Soudan, importe déjà de la viande tchadienne par avion. Les pays du Golfe montrent également un intérêt pour la viande de chameau, tandis que le Gabon et le Congo reçoivent des livraisons par camions frigorifiques.

Lire : Numérique : le Tchad mise sur Starlink

Cette industrialisation de la filière viande va bien au-delà de la simple production. Elle stimule toute une chaîne de valeur, de l’alimentation animale (cultures fourragères locales) à la logistique, notamment la gestion de la chaîne du froid. Les sous-produits tels que le cuir et les engrais représentent également des sources de revenus. Un responsable de Laham Tchad se réjouit de ce changement, soulignant que le pays passe d’une économie basée sur l’exportation de matières premières à une économie de transformation, créatrice d’emplois et de valeur ajoutée. En tirant parti de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), le Tchad aspire à devenir un centre régional pour la viande transformée.