Dans une récente interview, l’économiste sénégalais avance cette hypothèse audacieuse au sujet du franc CFA, souvent perçu comme un vestige colonial.
Depuis plusieurs années, le débat sur l’avenir du franc CFA et la mise en place de l’Eco alimente des discussions passionnées en Afrique de l’Ouest. Ce sujet est d’autant plus sensible dans un contexte où l’influence française dans la région connaît un net recul. L’idée selon laquelle la France pourrait être à l’origine de la fin du franc CFA, plutôt que les pays africains eux-mêmes, a été formulée par Magaye Gaye dans un entretien au quotidien sénégalais Le Soleil.
Une rupture initiée par la France ?
Pour Magaye Gaye, la France pourrait être tentée de prendre les devants face à l’immobilisme des pays membres de la zone franc. « En tenant compte des hésitations manifestes des pays africains de la zone franc, qui redoutent un saut dans l’inconnu qu’implique une sortie brutale du système monétaire actuel, l’initiative de la rupture pourrait finalement venir de Paris », explique l’ancien haut cadre de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD). Il évoque une France confrontée à ses propres défis économiques et politiques, qui pourrait juger peu rentable de maintenir ce lien monétaire historique mais controversé.
L’économiste sénégalais Magaye Gaye
Ce scénario s’inscrit dans une dynamique plus large de repositionnement de la France sur le continent. L’Hexagone chercherait désormais à établir des partenariats stratégiques avec des pays africains hors de la zone franc, tels que l’Éthiopie, le Nigéria ou encore l’Afrique du Sud, au détriment des relations historiquement ancrées en Afrique de l’Ouest. Cette évolution pourrait sceller la fin d’un système monétaire souvent critiqué pour son asymétrie.
Une pression accrue pour rompre avec le passé colonial
Magaye Gaye souligne également le rôle des pressions internes au sein des pays africains de la zone franc. La jeunesse africaine, fer de lance des revendications pour davantage de souveraineté, rejette massivement le franc CFA, qu’elle perçoit comme un symbole d’assujettissement économique. Par ailleurs, une société civile de plus en plus mobilisée sur les questions monétaires exerce une influence croissante sur les décideurs politiques.
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Dans ce contexte, certains dirigeants africains pourraient être contraints de prendre des mesures audacieuses. L’économiste n’exclut pas la possibilité qu’un pays comme la Côte d’Ivoire, poids lourd de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), prenne l’initiative d’abandonner le franc CFA. « La Côte d’Ivoire, qui représente plus de 40 % du PIB de l’UEMOA, pourrait engager cette rupture, notamment à l’issue de l’élection présidentielle de 2025 », anticipe-t-il.
L’Eco : un avenir toujours incertain
Si la perspective d’une sortie du franc CFA semble gagner en crédibilité, celle de l’Eco, la monnaie unique portée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), demeure floue. Magaye Gaye se montre sceptique quant à la faisabilité de ce projet, en raison des divergences structurelles entre les économies anglophones et francophones de la région.
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« Les pays anglophones, comme le Nigéria, peinent à instaurer une discipline monétaire rigoureuse, tandis que les pays de la zone franc restent enfermés dans une croissance extravertie, alimentée par les exportations de matières premières, sans réelle création de valeur ajoutée. Cette situation est à l’opposé des ambitions affichées par la Cedeao », observe-t-il.
Lire : Cedeao : Alassane Ouattara appelle à accélérer l’adoption de l’Eco
En définitive, l’avenir monétaire de l’Afrique de l’Ouest reste marqué par des incertitudes. Si la fin du franc CFA semble de plus en plus probable, le chemin vers une monnaie véritablement souveraine et unifiée demeure semé d’obstacles. Dans ce contexte, la France pourrait, paradoxalement, jouer un rôle décisif dans la transition en amorçant elle-même la rupture.
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