La suspension de certains partis politiques et la question de la nationalité gabonaise au cœur des divergences.
La coalition pour la nouvelle république (CNR) lance un appel aux acteurs politiques pour un sursaut patriotique pour la défense de l’idéal démocratique et des libertés fondamentales. Les conclusions du dialogue national inclusif (Dni) initié par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (Ctri) au Gabon ne font donc pas l’unanimité. Sur le millier de recommandations soumis par les différentes commissions lors du dialogue, la Coalition pour la nouvelle république rejette quelques-unes. En fait, dans un communiqué daté du 2 mai dernier, soit un mois après le début du Dni, la CNR a tenue à préciser que l’initiative visait à la restauration des institutions et non la mise à mort de la Démocratie en République Gabonaise. Tout en soulignant le fait que ce dialogue n’était pas inclusif (avec la représentation insignifiante des partis politiques), la coalition a estimé que « les résolutions de cette grand-messe n’ont pas été à la hauteur des attentes du peuple gabonais ». Les membres de la CNR s’indignent des propositions relatives à la suspension des partis politiques, à la question de la nationalité, à la liberté d’aller et venir, à la non prise en compte de la Commission Vérité-Justice-Réparation-Pardon Réconciliation.
Le CTRI fait valoir l’argument de la pléthore des partis politiques. Un avis que ne partage pas la CNR, qui rappelle que les grandes démocraties notamment les USA, la Grande Bretagne ou la France qui compte à elle seule 579 partis politiques, ne restreignent pas par des lois le nombre des partis politiques. Pour elle, la démarche qui vise à suspendre les partis politiques, sans distinction aucune et sans raison valable, est une chimère. « Elle cache mal la volonté du CTRI de supplanter les formations politiques au profit des Associations et ONG créées à tout vent pour des objectifs inavoués, alors qu’au regard de la loi, les Associations et ONG sont apolitiques et partant, ne concourent pas à l’expression du suffrage universel », fait savoir le communiqué.
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La coalition évoque aussi des textes de loi sur lesquels se heurte cette dissolution des partis politique. La création, l’organisation et le fonctionnement des partis politiques sont encadrés par la constitution en son article premier, alinéa 13 qui dispose « le droit de former (…) les partis ou formations politiques est garanti à tous dans les conditions fixées par la loi… ». La coalition ajoute que cette proposition se heurte aussi aux dispositions de l’article 6 de la même loi fondamentale toujours en vigueur et reprise par l’article 6 de la charte de la transition. Elles disposant toutes deux que les partis politiques et les regroupements de partis politiques légalement reconnus concourent à l’expression du suffrage.
Les dispositions de l’article 11 du décret n°0115/PT-PR/MRI du 8 mars 2024 portant convocation et organisation du Dialogue National Inclusif qui dispose sont aussi claires fait savoir la Cnr. « Les conclusions du Dialogue National Inclusif ayant vocation à s’appliquer avant la fin de la transition doivent être conformes à la charte de la transition ». Or, ni le décret ni la constitution ni la charte ne prévoit la suspension ou la dissolution générale des partis politiques légalement reconnus, constate la Cnr. La commission voit en cette forme de gouvernance un système à parti unique ou de dictature qui n’accepte pas le débat démocratique ni la confrontation des idées.
Concernant la question fondamentale de la nationalité gabonaise et particulièrement l’accès aux hautes fonctions de l’Etat, évoquée par les 3 participants au dialogue, le CNR pense qu’il ne suffit pas d’être Gabonais de souche, né de père gabonais et de mère gabonaise, pour justifier de loyauté et de patriotisme à l’égard de l’Etat. Elle fait d’ailleurs références aux personnes d’origine gabonaise qui ont malheureusement pillé sans vergogne l’argent du pays, assassiné froidement à balles réelles d’autres Gabonais… contribuant à la destruction du tissu national. « Le nationalisme étroit qui indexe et exclut les binationaux est abject. Il n’est en réalité qu’une posture populiste dangereuse », soutient le CNR.
Massivement réclamée par les Gabonais, la CNR déplore que la Commission Vérité-Justice-Réparation-Pardon Réconciliation n’ait pas été actée pendant les assises du dialogue. Pourtant, cet aspect se positionne en réparation du tissu national déchiré et aux victimes postélectorales de 1993, 2009 et 2016, sans oublier les arrestations et emprisonnements arbitraires et la gâchette facile de certains agents des forces de défense et de sécurité. Néanmoins, la CNR reste convaincue que la vérité finira toujours par triompher.
Tatiana Kuessie
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