Ce jour-là, des milliers de Tchadiens ont manifesté contre la prolongation de la transition politique. Le bilan des victimes varie selon les sources, plus de 300 morts selon les organisateurs, contre 75 reconnus par le gouvernement.
Le Tchad a commémoré, ce lundi 20 octobre, le troisième anniversaire des violentes répressions qui ont marqué les manifestations contre la prolongation de la transition politique. Le parti d’opposition « Les Transformateurs » a organisé une cérémonie en mémoire des victimes, en présence de sa présidente par intérim, Claudia Hoinanty.
Le 20 octobre 2022 reste une date symbolique pour de nombreux Tchadiens. Ce jour-là, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de N’Djamena et d’autres grandes villes pour rejeter la décision du Dialogue national inclusif d’étendre la période de transition de deux ans, alors qu’un retour au pouvoir civil était promis au bout de 18 mois par le général Mahamat Idriss Déby Itno.

Des manifestations réprimées dans la violence
Organisés par des partis politiques d’opposition et des mouvements de la société civile, les rassemblements ont rapidement dégénéré. Dès l’aube, les forces de l’ordre (police, gendarmerie et Garde nationale) sont intervenues pour disperser les foules. Des civils armés auraient également pris part à la répression. Plusieurs sièges de partis, dont ceux de Saleh Kebzabo et Pahimi Padacké Albert, ont été vandalisés ou incendiés. Alors que les autorités qualifiaient ces événements d’« insurrection armée », les organisateurs ont toujours rejeté cette version, dénonçant une répression brutale et disproportionnée.
📣 Ne manquez plus rien de l’actualité africaine en direct sur notre chaîne WHATSAPP
Un bilan humain toujours contesté
Le nombre exact de victimes reste sujet à controverse. Les initiateurs de la mobilisation évoquent plus de 300 morts, contre 75 décès reconnus officiellement. De son côté, la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) a établi un bilan de 128 morts, 12 disparus, 943 arrestations et 263 condamnations. Des membres des forces de sécurité figurent également parmi les personnes décédées.
À la suite de ces événements, sept partis politiques ont été suspendus, et plusieurs figures de l’opposition ont dû s’exiler. Ce n’est qu’en novembre 2023, avec la signature de l’accord de Kinshasa, qu’un apaisement est amorcé : retour des opposants exilés, loi d’amnistie et libération de prisonniers politiques.
Lire : Tchad : le manque de coopération entrave la lutte anti-jihadiste dans la région du Lac
La cérémonie organisée ce 20 octobre 2025 au siège des Transformateurs a rassemblé plusieurs centaines de militants. Pour de nombreuses familles, la douleur reste vive. La question de l’indemnisation des victimes et de la reconnaissance officielle demeure un sujet en suspens, malgré les appels répétés à la justice et à la réparation.