Bassirou Diomaye Faye considère ce document comme un tournant majeur dans le processus de rétablissement de la vérité historique entre le Sénégal et la France.
Le jeudi 16 octobre, le « Livre blanc » sur le massacre de Thiaroye a été officiellement remis au président du Sénégal. En 1944, des tirailleurs africains, qui réclamaient le paiement de leurs soldes, ont été abattus par l’armée française près de Dakar. Pour Bassirou Diomaye Faye, ce document constitue une étape décisive vers la restauration de la vérité historique entre le Sénégal et la France. « Cette cérémonie ne commémore pas. Elle affirme une vérité », a-t-il déclaré.
Le document a été élaboré par un comité de chercheurs et présenté devant le Premier ministre Ousmane Sonko ainsi que d’autres membres du gouvernement. L’État sénégalais manifeste ainsi son désir non seulement de se souvenir, mais d’agir : de transformer un souvenir douloureux en acte politique.
Thiaroye, un massacre longtemps occulté
Le 1ᵉʳ décembre 1944, à l’aube, le camp militaire de Thiaroye devint le théâtre d’un massacre : les tirailleurs, rapatriés d’Europe, furent pris pour cibles après avoir exigé leurs droits. Fermement implantés dans la mémoire collective sénégalaise, leurs revendications ont longtemps été niées. Le nombre exact de victimes, l’identité des défunts ainsi que le lieu des inhumations restent en partie ignorés.

Depuis l’année 2024, l’État a ordonné des fouilles archéologiques révélant des restes humains, parfois encore avec des projectiles visibles. L’un des objectifs annoncés est de poursuivre ces explorations sur tous les sites susceptibles d’abriter des fosses communes. Le président Faye a insisté : « La vérité historique ne se décrète pas, elle se découvre excavation après excavation ».
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Vers une reconnaissance officielle plus large
En novembre 2024, Emmanuel Macron reconnaissait pour la première fois le massacre comme un fait, rompant un silence officiel de longue date. Mais les attentes restent fortes : archives partiellement accessibles, coopération attendue de la part de la France pour lever les zones d’ombre.
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Ce Livre blanc s’inscrit dans un contexte plus large de réparation mémorielle. Pour beaucoup, il représente non seulement la recherche d’une vérité historique, mais aussi un renforcement de la souveraineté de la mémoire sénégalaise. Le président Faye a salué le travail des chercheurs et affirmé la volonté d’étendre les partenariats autour de cette mémoire partagée.
Notre Afrik avec AFP