Technologie : le Niger parie sur Starlink pour réduire sa fracture numérique

Les autorités nigériennes précisent qu’avec ses milliers de satellites, le fournisseur d’accès à internet est capable de couvrir entre 80 % et 100 % du territoire, qui s’étend sur 1,267 million de km².

Dans un contexte où moins d’un tiers du territoire nigérien est couvert par internet, le pays met désormais son espoir en Starlink, le fournisseur d’accès internet à haut débit du milliardaire américain Elon Musk, pour réduire l’écart numérique dans ses zones rurales. En novembre dernier, le gouvernement militaire en place au Niger a accordé une licence d’exploitation à Starlink pour une durée de cinq ans.

Les autorités indiquent qu’avec ses milliers de satellites, Starlink peut permettre de couvrir entre 80 % et 100 % du territoire nigérien, qui s’étend sur 1,267 million de km². « Cela représente un grand pas en avant pour notre pays, notamment pour les zones reculées », se réjouit Sidi Ahmed Raliou, ministre de la Communication du Niger. Ce progrès intervient après que le taux de pénétration de l’internet a diminué. En effet, il est passé de 37 % en 2022 à 32 % en 2023. Ainsi, cette baisse est attribuée à la réduction des investissements et aux destructions d’antennes relais par des groupes armés.

Un soutien au développement des services essentiels

L’Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste (ARCEP) cite la dégradation des infrastructures comme l’une des causes de la persistance du fossé numérique. De nombreux pays africains, une quinzaine en tout, ont signé des accords pour permettre à Starlink de déployer ses services. Selon l’économiste Ibrahim Adamou Louché, des secteurs clés comme la banque, la santé, l’éducation, l’énergie et l’agriculture dépendent désormais de l’internet et des données pour leur développement.

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Les équipements Starlink, qui coûtent entre 260 000 FCFA et 400 000 FCFA (environ 396 à 609 euros), sont principalement importés du Nigeria. À Niamey, bien que la demande soit encore modérée, l’installation de Starlink connaît une forte demande dans les zones plus isolées. « C’est surtout dans les régions reculées que Starlink connaît un véritable succès », note Ali Sat, un commerçant de la capitale.

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Une révolution pour les zones isolées

« Les habitants de zones rurales nous sollicitent fréquemment pour installer Starlink, car ils constatent que la connexion est stable et ne subit aucune interruption », explique Moumouni Harouna, technicien en installation. À Gorou, un village près du Mali, l’installation de Starlink a changé la vie des habitants, après que les relais téléphoniques ont été détruits il y a huit ans. « Nous sommes de retour à la civilisation », s’exclame Alfa Hama, un résident local, soulignant la fin des longues marches pour trouver un signal internet.

Dans tout le pays, Starlink génère également un marché de services d’accès payants. Ainsi, pour quelques centaines de francs CFA (moins de 1 euro), les habitants peuvent se connecter à internet pendant un certain temps. « Les jours de marché, surtout, les gens se regroupent autour des routeurs wifi pour se connecter », raconte Moussa Djibrilla, professeur à Mangaïzé, une autre localité rurale équipée de Starlink.

Dans le vaste nord désertique du Niger, l’utilisation de Starlink, bien qu’illégale au départ, s’est accélérée depuis l’obtention de la licence officielle en novembre. « Les antennes Starlink sont maintenant courantes dans les campements et les villages », confirme Abdourahamane Chégou, un habitant de Bilma, une oasis située en plein désert. En outre, la technologie facilite également l’accès à internet dans des régions éloignées comme le Ténéré, un lieu clé pour les migrants qui traversent le désert vers la Libye.

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Une ouverture sur le monde pour les communautés locales

Des zones comme Tabelot, un site d’orpaillage, bénéficient désormais d’un accès à internet via Starlink, transformant les habitudes des habitants. « Starlink nous connecte au monde entier, les gens communiquent davantage grâce à des groupes WhatsApp et développent des affaires en ligne », affirme Youssaf Houssa, un chef traditionnel local. En effet, l’équipement peut être alimenté par des générateurs, des batteries de voitures ou même par énergie solaire.

Malgré ses avantages, l’arrivée de Starlink sur le marché nigérien inquiète les opérateurs locaux. Ces derniers, qui sont présents dans le pays depuis plus de trente ans, estiment que, bien que les solutions par satellite complètent leur offre, elles ne remplacent pas les services personnalisés, le coût et la performance qu’ils offrent. « Nous restons convaincus que nos services sont supérieurs », indique un responsable d’une des entreprises concurrentes, sous couvert d’anonymat.

Notre Afrik avec AFP