Musique : une balise pour la gestion des droits d’auteur des artistes en Afrique

Déja utilisée au Burkina Faso, cette innovation est portée par le chanteur ivoirien et membre du groupe Magic System A’salfo.

Le musicien ivoirien du groupe Magic System Salif  Traoré plus connu sous le nom d’A’salfo a conçu un une balise nommée GMC qui permet musiciens de recevoir une rémunération juste pour leurs droits d’auteur lorsque leurs œuvres sont diffusées sur le continent. L’innovation pourrait transformer le secteur musical en Afrique. En effet, ce système, installé dans des hôtels, salles de spectacle ou stations de radio, transmet en temps réel les informations nécessaires au versement des droits d’auteur aux auteurs et compositeurs de musique. Ainsi donc, ce qui élimine les risques d’erreurs ou d’omissions.

A’salfo promoteur du projet

Rencontré  à paris en novembre 2024 par un journaliste d’RFI, A’salfo a présenté avec enthousiasme sur son smartphone une application qui lui permet de suivre en direct les titres diffusés dans des centaines d’établissements tels que des maquis, restaurants ou cafés au Burkina Faso. « Voici un tableau de bord qui nous montre en temps réel les diffusions. Actuellement, 2 393 sites sont en fonctionnement. Ce qui s’affiche là, c’est un lieu à Ouagadougou, au ‘Palmier du 29’, où DJ Al Mourad joue un morceau identifié comme étant de la « musique africaine » », explique-t-il. En effet, l’application permet d’identifier minute par minute les morceaux diffusés au Burkina Faso.

Une solution pour résoudre les problèmes de transparence

Le musicien raconte que fatigué de ne pas disposer de données fiables concernant la diffusion de ses titres et les droits d’auteur générés, il a créé cette balise couplée à une application qui transmet simultanément toutes les informations nécessaires aux bureaux de gestion des droits d’auteur africains. « L’application indique précisément quel artiste a été diffusé, à quel endroit, à quelle heure ; il n’y a aucune marge d’erreur », se félicite-t-il. Ainsi donc, le système capte uniquement les morceaux diffusés et un algorithme classe les artistes selon leur fréquence de diffusion. Par exemple, un artiste ayant été diffusé 141 fois se classe premier, tandis que Magic System se trouve en septième position avec 24 diffusions au moment ou l’application est consulté.

📣 Ne manquez plus rien de l’actualité africaine en direct sur notre chaîne WHATSAPP

Le système, qui ressemble à un disque dur, a été adopté en avril dernier par le Bureau Burkinabé des Droits d’Auteur (BBDA). En plus, le chanteur fait savoir que 500 balises ont été installées dans divers établissements entre Ouagadougou et Bobo Dioulasso. Patrick Lega, directeur du BBDA, se réjouit des résultats. « Cet outil va résoudre de nombreux problèmes, notamment les insatisfactions et les conflits. Avec cette technologie, nous saurons exactement quel artiste est le plus joué, quelles sont les tendances et l’évolution des diffusions. Cela élimine les erreurs des fiches que les médias et utilisateurs doivent remplir, ce qui rend la répartition des droits d’auteur plus juste », confie-t-il à RFI. Actuellement, ce système de balises d’A’salfo est uniquement implanté au Burkina Faso.

Un système qui pourrait augmenter les revenus des artistes africains

En 2022, l’Afrique n’a reversé qu’environ 80 millions d’euros à ses musiciens comme revenus des droits d’auteurs. En outre, Luc Mayitoukou, spécialiste des droits d’auteur, estime que la balise automatique pourrait résoudre une grande partie du problème.

Lire : Afrique : les paiements instantanés totalisent 49 milliards de transactions en 2023

« Les solutions qui éliminent les étapes intermédiaires permettent une meilleure collecte des droits, réduisant ainsi les pertes. Ce système est une première étape pour augmenter les revenus des artistes dans les pays où il est déployé », affirme-t-il. Il est optimiste quant aux résultats que pourrait apporter cette technologie et plaide pour l’extension de ces mécanismes dans d’autres pays.

Notre Afrik