Deux semaines après son annonce, l’Autorité de régulation du secteur pétrolier (NMDPRA) a confirmé l’abandon de cette taxe pourtant inscrite dans la nouvelle réforme fiscale visant à accroître les recettes hors pétrole.
Le gouvernement nigérian a finalement décidé de renoncer au droit d’importation de 15 % sur l’essence et le diesel, une mesure qui devait entrer en vigueur dès décembre 2025. Initialement, cette taxation devait renchérir les carburants importés afin de soutenir la production locale, notamment la raffinerie géante de Dangote, récemment mise en service mais encore vulnérable face à la concurrence de produits étrangers meilleur marché. Cependant, les fortes inquiétudes exprimées par les distributeurs ont poussé le gouvernement à revoir sa position. Ceux-ci alertaient sur le risque d’une baisse massive des importations, d’une tension sur les stocks et d’une dépendance accrue du pays envers un seul fournisseur.
Pressions des distributeurs et crainte d’une pénurie
Face à ces mises en garde, l’exécutif a privilégié la stabilité du marché, surtout à l’approche des fêtes de fin d’année, période durant laquelle la demande en carburant augmente traditionnellement. La NMDPRA a assuré que les niveaux de stock sont suffisants et a exhorté les consommateurs à ne pas céder à la panique, promettant de renforcer sa surveillance pour prévenir toute spéculation.

Ce revirement souligne les tensions persistantes du secteur énergétique nigérian. Malgré son statut de premier producteur de brut du continent, le pays demeure dépendant des importations pour la quasi-totalité de ses produits raffinés. Les tentatives de réhabilitation des raffineries publiques — plus de 25 milliards de dollars investis sur plusieurs décennies , n’ont jamais abouti. Aujourd’hui, la compagnie nationale du pétrole (NNPC) cherche des partenaires internationaux pour relancer ces infrastructures, tandis que l’usine de Dangote apparaît comme la seule capacité de raffinage opérationnelle à grande échelle.
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L’introduction de la taxe devait ainsi «protéger la capacité locale de raffinage et stabiliser le marché», selon les autorités. Mais avec une inflation avoisinant les 18 % en septembre 2025 et une population déjà éprouvée par la suppression des subventions et la chute du naira, le gouvernement ne pouvait se permettre un nouveau choc sur les prix à la pompe au risque de déclencher une contestation sociale.
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La suspension de la mesure permet d’éviter une crise immédiate, mais elle ne règle pas les problèmes de fond. Tant que ses raffineries ne fonctionneront pas réellement, le Nigeria restera exposé aux fluctuations du marché international et aux risques de rupture d’approvisionnement. À plus long terme, une remise en service réussie des unités publiques pourrait rééquilibrer le marché intérieur et ouvrir la voie à des exportations de produits raffinés. D’ici là, l’administration Tinubu devra continuellement naviguer entre deux priorités antagonistes : soutenir l’industrie locale, ou protéger le pouvoir d’achat des Nigérians






